Jean-Pierre Mocky is a Actor, Director, Scriptwriter, Producer, Assistant Director Trainee and Editor French born on 6 july 1929 at Nice (France)
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Birth name Jean-Paul Adam MokiejewskiNationality FranceBirth 6 july 1929 at Nice (
France)
Death 8 august 2019 (at 90 years)
Jean-Pierre Mocky (born July 6, 1933) is the pseudonym of Jean-Paul Adam Mokiejewski, a French film director, actor, screenwriter and producer. He appeared as an actor in the 1955 film Gli Sbandati and in many other movies, including some of those he also directed (Solo, L'albatros, L'Ombre d'une chance, Un Linceul n'a pas de poches...). His 1987 film Le Miraculé was entered into the 37th Berlin International Film Festival.
Biography
Enfance
Jean-Pierre Mocky naît le 6 juillet 1933 à Nice. Son père, Adam Mokiejewski (1900-), est un juif polonais venu de l'oblast du Terek et sa mère, Janine Zylinska (1910-), une Polonaise de confession catholique. Ses parents s'étaient installés à Nice en 1922. Lorsque la guerre éclate, en 1939, la famille Mokiejewski, qui vit grâce à la fortune polonaise de sa mère, doit vendre la villa du mont Boron à Nice ; elle s'installe à Grasse. En 1942, pendant l'occupation allemande, le père cherche à protéger son fils des persécutions contre les juifs et souhaite l'envoyer chez son oncle, en Algérie. Jean-Pierre Mocky est trop jeune pour prendre le bateau seul. Son père fait alors modifier sa date de naissance, qui devient le 6 juillet 1929. Il renonce finalement à ce voyage et envoie simplement son fils à la ferme. La même année, Jean-Pierre Mocky fait une première apparition au cinéma comme figurant dans Les Visiteurs du soir de Marcel Carné. Lorsqu'il est collégien, il fréquente le collège municipal de Grasse. L'été, il travaille comme plagiste à l'Hôtel Carlton à Cannes. À l'époque, ses parents sont gardiens d'une propriété. Il se marie en 1946, à l'âge de 13 ans, avec Monique Baudin qu'il avait mise enceinte mais leur union ne dure que quatre mois.
Carrière d'acteur (1946-1958)
En 1946, il interprète le rôle d'un milicien dans Vive la Liberté de Jeff Musso. Installé à Paris en 1947, il joue au cinéma comme figurant dans quelques films comme L'Homme au chapeau rond. Il gagne sa vie comme chauffeur de taxi, et rencontre, dans son véhicule l’acteur Pierre Fresnay. C'est grâce à lui qu'il décroche un premier rôle au théâtre dans Pauline ou l'Écume de la mer de Gabriel Arout. Pierre Fresnay le prend sous sa protection et le loge chez lui à Neuilly-sur-Seine. Jean-Pierre Mocky est ensuite admis au Conservatoire national supérieur d'art dramatique où il suit les cours de Louis Jouvet. Il y rencontre Jean-Paul Belmondo avec qui il sympathise. Il obtient un premier grand rôle au cinéma avec Le Paradis des pilotes perdus (1948).
En 1952, il rencontre Michelangelo Antonioni et joue dans Les Vaincus, qui remporte un grand succès en Italie. Il est alors engagé comme acteur par les studios Ponti-De Laurentiis. Il tourne en 1953 dans Le Comte de Monte-Cristo, sorti en 1954 en Italie et en 1955 en France. Il travaille ensuite comme stagiaire de Federico Fellini sur La Strada (1954) et comme stagiaire de Luchino Visconti pour Senso (1954). Il joue dans de nombreux films italiens comme Graziella de Giorgio Bianchi et Les Égarés (Gli sbandati) de Francesco Maselli en 1955. En tant qu'acteur en Italie, il devient vite célèbre. Dans un entretien donné à la revue Cinéma en 1982, il explique : « J'avais une Ferrari, une maison sur le Tibre, je donnais des réceptions, j'avais un valet de chambre : c'était incroyable ! »
De retour en France, en 1956, il est engagé par le metteur en scène Raymond Rouleau pour jouer au théâtre de Paris avec Ingrid Bergman la pièce Thé et sympathie. Raymond Rouleau se désiste au dernier moment pour réaliser le film Les Sorcières de Salem. Il est remplacé par Jean Mercure qui renvoie Jean-Pierre Mocky de la distribution pour le remplacer par un de ses amis. Jean-Pierre Mocky porte plainte et remporte son procès. Avec les 150 000 francs qu'il a gagnés, il crée une petite maison de production pour produire La Tête contre les murs.
Il rencontre Claude Chabrol, François Truffaut et Jean-Luc Godard en 1958 et sympathise avec eux mais bien qu'il soit de la même génération que ces cinéastes, il ne fait pas partie de la Nouvelle Vague. Il ne partage pas les indignations des critiques des Cahiers du cinéma contre l'académisme du cinéma français d'après-guerre.
Premiers films (1958-1968)
Certains membres de la famille de son père, d'origine juive, ont été internés dans des asiles après leur sortie des camps de concentration. Jean-Pierre Mocky a été marqué par leur témoignage et souhaite faire un film sur les asiles. Il découvre le roman d'Hervé Bazin, La Tête contre les murs et ce dernier lui cède gratuitement le droit d'adapter son livre. Il travaille sur le scénario avec François Truffaut, puis confie les dialogues à Jean-Charles Pichon. Il rassemble notamment Pierre Brasseur, Paul Meurisse, Charles Aznavour et Anouk Aimée, dont il est éperdument amoureux, mais les producteurs ne lui font pas confiance et préfèrent confier la réalisation à quelqu'un de plus expérimenté. Jean-Pierre Mocky contacte alors Alain Resnais, puis Georges Franju, qui réalise alors le film. Jean-Luc Godard, alors critique de cinéma, signe un article dans l'hebdomadaire Arts et deux articles dans les Cahiers du cinéma pour défendre le film. Dans le premier article, il écrit : « La Tête contre les murs est un film de fous sur les fous. C'est donc un film d'une beauté folle. » Et Godard salue à la fois le scénario de Jean-Pierre Mocky et Jean-Charles Pichon et le jeu des acteurs : « Franju ne sait peut-être pas diriger ses acteurs. Mais jamais Jean-Pierre Mocky, Anouk Aimée, Paul Meurisse, Pierre Brasseur n'ont été meilleurs, jamais leur diction n'a été plus juste. Ils ne jouent pas. Ils tremblent. » Le film est remarqué dans les festivals et remporte douze prix, mais fait très peu d'entrées (45 000).
Après l'échec de La Tête contre les murs, Jean-Pierre Mocky réalise son premier film, Les Dragueurs en 1959. L'idée du film vient de son expérience personnelle. Il avait lui-même pris l'habitude d'aborder les filles sur les Champs-Élysées avec quelques amis et le terme « draguer » avait été inventé par l'un d'entre eux. Il souhaite d'abord donner le premier rôle à son ami du conservatoire Jean-Paul Belmondo mais la production lui impose Jacques Charrier. Le second dragueur, Joseph, est interprété par Charles Aznavour. Au départ, il conçoit une fin pessimiste dans laquelle Freddy (Jacques Charrier) va au bordel avec une femme qui ressemble à Jeanne, la femme idéale incarnée par Anouk Aimée. Les producteurs préfèrent laisser ouvert l'avenir de ce personnage et amputent le film de cette dernière scène. Le film est exporté dans 63 pays et rencontre un grand succès public (1,5 millions d'entrées). Le terme même de « dragueur » aurait été popularisé par le film. À la suite d'un désaccord avec son producteur, Joseph Lisbona, sur le partage des bénéfices des Dragueurs, il crée en 1960 sa propre société de production, Balzac films.
Inspiré par sa relation avec l'actrice Véronique Nordey, Jean-Pierre Mocky souhaite faire un film sur ce qui se passe dans un couple quand le désir se fait moins fort. Pour écrire Un couple (1960), Mocky se tourne vers Raymond Queneau qui introduit un esprit de dérision dans le film. Le couple est incarné par Juliette Mayniel et Jean Kosta. Mocky a du mal à trouver des distributeurs et le film tourné au début de l'année 1960 ne sort sur les écrans français qu'en janvier 1961. Il divise la critique. Queneau fait appel à ses connaissances dans le monde des lettres. Françoise Sagan soutient le film dans L'Express et les Cahiers du cinéma lui consacrent la une du numéro 115 de janvier 1961.
Finalement le film, mal distribué, ne fait que 62 000 entrées.
Après un succès (Les Dragueurs) et un échec (Un couple), le cinéaste décide de passer pour de bon à la comédie satirique avec Snobs !. Pour ce film, tourné en mai 1961, il s'entoure de Francis Blanche, Michael Lonsdale, Élina Labourdette et Véronique Nordey. Certaines scènes doivent être coupées pour satisfaire la censure. Le film sort sur les écrans en septembre 1962 et fait peu d'entrées en France (50 000). À l'exception de quelques critiques dont Jean-Louis Bory et Michel Mardore, la presse est défavorable au film. Dans les Cahiers du cinéma, Michel Mardore loue le sens de la démesure du film : « Le mérite de Jean-Pierre Mocky, c'est d'avoir prolongé cette bouffonnerie au-delà des limites permises, d'avoir oublié les convenances de l'accord tacite entre le satiriste et l'objet de la satire. Ainsi se trouve transcendé, et enfin chargé d'un pouvoir corrosif, le goût bien français, et sans grande conséquence de la hargne, de la grogne et de la rogne. »
Pour Les Vierges (1962), Jean-Pierre Mocky reprend l'idée des Dragueurs et s'intéresse cette fois-ci aux femmes. Sur les conseils de Jean Anouilh, il fait passer dans le magazine Ici Paris un appel à témoignage des femmes sur la manière dont elles ont perdu leur virginité. Parmi les 3 500 témoignages retenus, les scénaristes, parmi lesquels figure la romancière Catherine Claude, dégagent cinq catégories et chacune de ces catégories fait l'objet d'un des cinq sketches du film. Le film sort en mai 1963. Henri Gault, passé à la postérité comme critique gastronomique, signe dans Paris-Presse-L'Intransigeant un article au vitriol intitulé « On devrait coller 20 ans à Mocky ». Il lui reproche d'avoir « défloré un sujet qui n'était pas tabou sans quelques raisons. » Un an après la sortie du film, François Truffaut, sous le pseudonyme d'Antoine Doinel, sans être enthousiaste, défend le film et plus généralement la manière de Jean-Pierre Mocky : « Comme souvent chez Mocky, on voit ici des comédiens inconnus admirablement choisis et utilisés. Enfin, une netteté d'exécution très appréciable ; il n'y a dans l'image que ce que Mocky veut y mettre et veut qu'on y voie. C'est net, dénudé, précis, direct. » Dans son entretien à la revue Midi Minuit Fantastique en 1967, Jean-Pierre Mocky se défend d'avoir voulu provoquer et voit au contraire Les Vierges comme un film romantique et « profondément moral ».
À partir du roman Deo Gratias de Michel Servin, Jean-Pierre Mocky et son scénariste Alain Moury imaginent ensuite l'histoire d'un aristocrate désargenté qui, se refusant à travailler, pille les troncs des églises. Un drôle de paroissien sort sur les écrans en 1963. Mocky souhaite d'abord tourner avec Fernandel mais ce dernier refuse. Sur une suggestion de Michel Servin, il se tourne vers Bourvil. Dans un premier temps, l'entourage de Bourvil est sceptique sur cette collaboration, et décourage le comédien d'accepter la proposition. Pourtant, la proposition s'avère fructueuse, puisque Jean-Pierre Mocky et Bourvil tournent par la suite trois autres films ensembles. Bourvil accepte même d'être en participation sur le film et aide Mocky à trouver des financements. Le film rencontre un grand succès. Sorti dans trois salles parisiennes, il enregistre 73 000 entrées la première semaine et 63 000 entrées en deuxième semaine. Au total, on compte 2,3 millions d'entrées. Il est ensuite sélectionné au festival de Berlin et distribué en Allemagne.
Sur les conseils de Raymond Queneau, Jean-Pierre Mocky adapte La Cité de l'indicible peur de Jean Ray. Avec ce film, il s'essaie au genre fantastique. L'action du roman, qui se situe initialement en Écosse, est transposée à une petite ville du Cantal (à Salers). Bourvil participe à la production du film. Le distributeur ampute le film de certaines scènes et le renomme La Grande frousse. Il sort le 28 octobre 1964 mais ne rencontre pas le succès escompté (680 000 entrées). La critique est très négative et Mocky se fâche avec Bourvil et Queneau après cet échec. En juin 1972, Mocky sort la version complète de La Cité de l'indicible peur et diffuse le film dans les ciné-clubs.
Il obtient ensuite le soutien de la Columbia pour tourner avec Fernandel. Finalement, la production lui impose aussi le comique allemand Heinz Rühmann. Avec l'écrivain Marcel Aymé, il rédige le scénario de La Bourse et la Vie. Le film fait 625 000 entrées mais Jean-Pierre Mocky n'aime pas ce film. Dans l'entretien qu'il accorde à la revue Cinéma en 1982, il juge sévèrement ce film : « C’est un film d'une dérision totale qui ne présente aucun intérêt. » Et un plus loin : « C'est vrai ! En quoi est intéressante l'histoire de deux types qui n'arrivent pas à se débarrasser de 15 millions ? ».
Les Compagnons de la marguerite sort sur les écrans en janvier 1967 et reçoit un bon accueil. Le film s'inspire des difficultés rencontrées par Mocky pour divorcer de sa première épouse. Il raconte l'histoire d'un restaurateur de manuscrits qui falsifie l'état civil pour changer de femme sans avoir à passer par une procédure de divorce et fonde une société secrète pour généraliser le procédé. On compte 520 000 entrées.
En 1967, il travaille en Angleterre sur un film intitulé Les Carrossiers de la mort. L'idée du film vient d'une conversation avec un « gentleman cambrioleur » qui volait des voitures de luxe et les revendait à l'étranger. Il avait raconté son trafic à Jean-Pierre Mocky et considérait le vol comme un art. La distribution du film comprend notamment Marlon Brando, Henry Fonda, Anthony Quinn et Orson Welles. Le projet est abandonné après la mort du producteur Cecil Tennant.
Il se réconcilie ensuite avec Bourvil avec qui il est en froid depuis l'échec de La Grande Frousse et commence le tournage de La Grande Lessive (!), initialement intitulé Le Tube, en avril 1968. Le film narre l'histoire d'un professeur de latin nommé Saint-Just, interprété par Bourvil, qui pour lutter contre le pouvoir de la télévision décide de passer à l'action et de saboter les antennes télévisées à la sulfateuse. La distribution est complétée par Francis Blanche, Roland Dubillard, Jean Tissier et R. J. Chauffard. Le film sort sur les écrans le 15 novembre 1968 et rencontre un grand succès (2,1 millions d'entrées).
Reconnaissance (1968-1988)
Du 27 novembre au 12 décembre 1968, Henri Langlois et Bernard Martinand lui consacrent une rétrospective à la Cinémathèque française. Celle-ci constitue une étape importante dans la reconnaissance de l'œuvre de Mocky. Il y présente une copie complète de La Cité de l'indicible peur.
Après mai 68, Mocky se rend dans un bistro où un CRS avait brisé les testicules d'un jeune homme. Il y entend d'autres jeunes, venus dans le même café en hommage au même garçon, parler de poser des bombes pour aller au bout de la « révolution ». Il a alors l'idée du scénario de Solo. Le film raconte l'histoire des frères Cabral. L'un d'eux, Vincent, est violoniste sur des bateaux de croisière et vole des bijoux pour les revendre. Son petit frère, Virgile, est étudiant. Révolté par la société telle qu'elle est, il décide de passer à l'action terroriste pour « marquer les esprits ». En voulant sauver son frère, Vincent se trouve à son tour poursuivi par la police et finit par mourir. Mocky dit que Solo est né de sa déception de mai 68. Le film est tourné en avril 1969. Néanmoins le producteur François Harispuru n'accepte de distribuer le film qu'à la condition que Jean-Pierre Mocky réalise aussi une comédie à succès à la manière d'Un drôle de paroissien. Mocky réalise alors L'Étalon. Solo sort le 27 février 1970, la critique est très positive et le film rencontre un grand succès (660 000 entrées).
L'idée de L'Étalon vient une nouvelle fois d'une conversation entendue avec Bourvil dans un bistro. Bourvil et Mocky entendent deux femmes se plaindre du fait que leurs maris respectifs les négligent et imaginent des solutions à ce problème qui ne remettent pas en cause la pérennité du couple. Le film raconte l'histoire du vétérinaire William Chaminade, qui comprenant que les femmes sont négligées par leur mari, décide de mettre en œuvre une sorte de service pour les femmes mariées pour qu'elles puissent faire l'amour sans sentiment. William Chaminade cherche à généraliser son idée et souhaite l'étendre à toute la société. Le tournage de L'Étalon, en septembre 1969 à Cerbère, avec en figuration les habitants du village, est marqué par la maladie de Bourvil. Sorti le 13 février 1970, il déplaît fortement aux critiques mais rassemble 1,2 millions de spectateurs. Dans les Cahiers du cinéma, Jacques Aumont déplore le manque d'audace du film.
Dans l'esprit de Solo, Mocky réalise L'Albatros en 1971. Le film est inspiré par une autre anecdote. Lors d'une manifestation contre Habib Bourguiba, son scénariste, Alain Moury, s'est fait tabasser par les policiers et incarcérer après avoir lui-même tapé un membre des forces de l’ordre en retour. L'Albatros raconte l'histoire d'un homme qui s'est retrouvé en prison pour avoir tué un policier dans des conditions similaires. L'homme s'évade de prison en pleine campagne électorale et kidnappe la fille de l'un des deux candidats. Après avoir fait appel à Georges Moustaki pour Solo, Mocky demande à Léo Ferré de composer la musique du film. La critique réserve un bon accueil au film et le public répond présent. Dans Le Nouvel Observateur, Jean-Louis Bory s'enthousiasme pour le romantisme du film qu'il qualifie de « Hernani de la contestation moderne ». Le film rassemble 570 000 spectateurs.
En 1973, il rencontre André Ruellan et collabore avec lui sur le scénario de L'Ombre d'une chance. Ensemble, ils écriront au total une vingtaine de scénarios. Le film raconte l'histoire de Mathias, un brocanteur un peu bohème et de son fils, qu'il a eu à l'âge de quatorze ans. Mocky inverse le conflit de générations en faisant du fils un étudiant rangé, plutôt du côté de l'ordre, et en donnant au père la personnalité d'un marginal libertaire qui n'hésite pas à enfreindre la loi et à se jouer des huissiers qui viennent lui rendre visite. Le tournage débute en juillet 1973 et le film sort sur les écrans en février 1974. Le critique André Cornand rapproche ce film de Solo et de L'Albatros. Dans les trois films, le héros, interprété par Mocky lui-même, est un marginal traqué par la police ou la justice, aimé d'une jeune femme et que le scénario mène à une mort inévitable.
Jean-Pierre Mocky continue de tourner très vite. Toujours en 1974, dans Un linceul n'a pas de poches, il se donne le rôle d'un journaliste qui lutte seul contre la pourriture du système. Le film ne remporte pas un grand succès (250 000 entrées).
Dans L'Ibis rouge, il engage Michel Simon aux côtés de Michel Galabru et Michel Serrault. Michel Simon est malade et n'a plus beaucoup l'occasion de tourner. Il meurt une semaine après la sortie du film en mai 1975.
Il poursuit avec Le Roi des bricoleurs, une comédie loufoque avec Sim, Michel Serrault et Pierre Bolo. Sorti en février 1977, le film ne fait que 144 000 entrées.
Avant la sortie en mars 1978 du film La Zizanie, Mocky attaque la production au tribunal pour plagiat. Mocky avait auparavant proposé à Louis de Funès un projet baptisé Le Boucan, dont le scénario ressemblait à celui de La Zizanie. Mocky gagne le procès et est indemnisé à hauteur de 250 000 francs, mais il y perd alors le soutien de la profession, l'industrie du cinéma n'acceptant pas qu'on aille devant les tribunaux...
Mocky revient à un sujet plus sérieux avec Le Témoin, qui raconte l'histoire d'un homme condamné à mort à la suite d'une erreur judiciaire. Tournée avec l'acteur italien Alberto Sordi, le film, sorti en septembre 1978, remporte un succès en France, mais aussi en Italie (400 000 entrées).
Enfin, Mocky clôt la décennie en renouant avec le romantisme révolutionnaire de Solo et de L'Albatros dans Le Piège à cons. Il y interprète le rôle d'un ancien soixante-huitard qui rentre en France après des années d'exil forcé et se retrouve à nouveau entraîné dans la lutte contre un « système corrompu ». Le film, sorti en octobre 1979, est mal compris et ne plaît pas au public (75 000 entrées).
Au début des années 1980, Jean-Pierre Mocky revient au cinéma fantastique, genre qu'il avait déjà abordé avec La Cité de l'indicible peur, avec Litan : La cité des spectres verts (1982). Le film obtient le prix de la critique au festival international du film fantastique d'Avoriaz mais n'est pas un succès. Après cet échec, il réalise en quatre mois Y a-t-il un Français dans la salle ?, un film adapté du roman éponyme de Frédéric Dard. Dans les Cahiers du cinéma, Olivier Assayas voit dans ce film un second souffle dans la carrière de Mocky après un essoufflement dans la seconde moitié des années 1970 et Jean-Pierre Mocky retrouve un public nombreux (800 000 entrées).
Bien que leurs genres cinématographiques soient aux antipodes, Jean-Luc Godard et Jean-Pierre Mocky s'apprécient et le premier propose au second de jouer le rôle de l'oncle dans Prénom Carmen (1983). Malheureusement, après avoir vu les premiers rushes, l'actrice principale, Isabelle Adjani, décide de quitter le film. Le tournage est alors reporté de quelques mois et Jean-Pierre Mocky n'est alors plus disponible. Finalement, il fait une brève apparition dans le film en jouant un malade sur un lit d'hôpital qui s'écrie « Y a-t-il un Français dans la salle ? » en référence au titre de son dernier film et Godard joue lui-même le rôle de l'oncle. Jean-Luc Godard lui propose un nouveau rôle en février 1986 dans Grandeur et décadence d'un petit commerce de cinéma, un film de commande réalisé pour la télévision. Jean-Pierre Mocky y joue le rôle d'un producteur de cinéma et partage l'affiche avec Jean-Pierre Léaud qui joue un personnage de réalisateur. Le film est diffusé sur TF1 le 24 mai 1986. En retour, Jean-Pierre Mocky propose à Jean-Luc Godard de jouer dans l'un de ses films, Noir comme un souvenir (1995), mais la proposition n'aboutit pas.
Avec À mort l'arbitre (1984) adapté d'un roman d'Alfred Draper, Jean-Pierre Mocky dénonce, un an avant le drame du Heysel, la bêtise de certains supporters fanatiques de football. Dans Libération, le critique Serge Daney défend le film avec vigueur : « À mort l'arbitre est le 22e film de Mocky en 25 ans. C'est la 22e preuve que Mocky est décidément l'un des bons cinéastes français et, de loin, le meilleur cinéaste français d'origine polono-russe. » Après avoir rassemblé 360 000 spectateurs en salles, le film connaît deux ans plus tard un grand succès à la télévision avec 17 millions de téléspectateurs.
Jean-Pierre Mocky poursuit dans la veine loufoque avec une comédie satirique sur le pèlerinage de Lourdes, intitulée Le Miraculé (1987). Il y raconte l'histoire d'un faux handicapé (Jean Poiret) poursuivi par un assureur muet (Michel Serrault) qui cherche à démasquer l'usurpateur. Le film remporte un grand succès public avec 820 000 entrées. Le cinéaste enchaîne ensuite avec un film noir, Agent trouble (1987), dans lequel il s'amuse à donner à Catherine Deneuve un rôle inhabituel de vieille fille. Le film, sorti à l'été 1987, rassemble 630 000 spectateurs. Il signe ensuite une comédie rabelaisienne, Les Saisons du plaisir, qui plaît de nouveau au public (770 000 entrées). Alors qu'il est à la fois soutenu par la critique et extrêmement populaire, il rencontre un échec retentissant avec Une nuit à l'Assemblée nationale. Le scénario écrit avec l'écrivain Patrick Rambaud raconte l'histoire d'un naturiste qui découvre un trafic au plus haut niveau de l'État dans l'attribution de la légion d'honneur. Sorti entre les deux tours des élections législatives, le 8 juin 1988, le film est boycotté par la presse et ne rassemble que 78 000 spectateurs.
Mocky underground (1988-)
Après l'échec d'Une Nuit à l'Assemblée nationale, Jean-Pierre Mocky fait un seul film avec quelques vedettes comme Serrault, Claude Jade et Marie-Christine Barrault (Bonsoir) et devient « underground » selon l'expression qu'il emploie lui-même dans Le Monde en 1999. Le public ne le suit plus : moins de 10 000 entrées pour Bonsoir (1994), 13 700 entrées pour Alliance cherche doigt (1997), 27 000 entrées pour Robin des mers (1998) et 6 200 entrées pour Vidanges (1997). La critique aussi devient de plus en plus sévère. Après la sortie de Alliance cherche doigt (1997), le critique Olivier Séguret parle d'un film bâclé et regrette le temps où Mocky réalisait La Cité de l'indicible peur ou L'Ibis rouge.
Deux films rencontrent un écho plus favorable au cours des années 1990, Ville à vendre (1992) avec 155 000 entrées et Noir comme le souvenir (1995) avec 83 000 entrées. Le premier raconte l'histoire de laboratoires pharmaceutiques qui recrutent des cobayes dans des villes particulièrement touchées par le chômage pour tester leurs médicaments. Le film sort sur les écrans en février 1992. Le film, pourtant coproduit par TF1, n'est diffusé à la télévision que quatre ans après sa production. Noir comme le souvenir avec Sabine Azéma, Jane Birkin et Jean-François Stévenin raconte l'histoire d'un couple séparé que leur fille disparue 17 ans plus tôt revient hanter. Pour une fois, la critique est un peu moins dure. Édouard Waintrop notamment défend le film dans Libération.
En 1991, il tourne pour la télévision les trois premiers épisodes de la série Myster Mocky présente. Cette série, poursuivie en 2008 et 2009 pour la chaîne 13e Rue, est adaptée de nouvelles d'Alfred Hitchcock.
Pour assurer la diffusion de ses films, il a fait l'acquisition d'une salle de cinéma parisienne en août 1994, Le Brady. Pour Mocky, c'est un vieux rêve d'indépendance qu'il réalise. Dès 1982, il déclarait à la revue Cinéma son souhait d'acheter sa propre salle pour être totalement indépendant : « C'est la raison pour laquelle j'envisage d'acheter un cinéma et d'y projeter mes films. Si j'avais la possibilité financière d'acheter une salle et, en même temps, celle de réaliser mes films, j'arrêterais purement et simplement tout contact avec l'extérieur. Je m'enfermerais dans une tour d'ivoire et produirais des films uniquement destinés à cette salle ».
Après leur collaboration au cours des années 1980, Jean-Luc Godard et Jean-Pierre Mocky ont de nouveau envie de travailler ensemble. Le premier souhaite offrir au second le rôle principal dans Éloge de l'amour avec Françoise Fabian mais Mocky et Godard se brouillent. Dans sa biographie de Godard, Antoine de Baecque raconte que Mocky reprocha à Godard d'avoir accepté en février 1998 un César d'honneur alors que dans son entretien à la Lettre du cinéma, Mocky explique qu'ils se sont brouillés parce qu'ils ont voulu monter un projet annexe pour financer le film et que Godard lui aurait reproché de l'avoir annoncé à la presse sans son accord.
Les années 2000 ne sont pas plus faciles pour Jean-Pierre Mocky que les années 1990. Infatigable, il continue de tourner à un rythme élevé mais ses films ne sont pratiquement plus distribués. Certains films, comme Touristes, Oh yes (2004), ne sont pas distribués en salle. 13 French Street (2007), adapté d'un roman de Gil Brewer avec Bruno Solo, Thierry Frémont et Tom Novembre ne rassemble que 4 000 spectateurs et est mal accueilli par la critique. Enfin, Les Ballets écarlates (2004), dans lequel Jean-Pierre Mocky raconte l'histoire d'une mère à la recherche de son enfant qui découvre un réseau de pédophilie, est censuré pour incitation à la violence et au meurtre. Seule exception dans cette décennie, le mini-succès (57 000 entrées) du Furet (2003), adapté du roman Un furet dans le métro de Lou Cameron, avec Michel Serrault et Jacques Villeret. Mais le succès est de courte durée. En 2005, lorsque Mocky travaille à nouveau avec Michel Serrault dans Grabuges, le succès n'est plus au rendez-vous (13 204 entrées) malgré le soutien de certains critiques comme Jacques Mandelbaum.
De 2007 à 2010, Jean-Pierre Mocky travaille pour la télévision. Il réalise d'abord Le Deal (2007), un téléfilm, pour la chaîne de télévision 13e Rue. Lors de la diffusion du film sur 13e Rue, le 13 mars 2007, le film rassemble 183 000 téléspectateurs puis 3 900 spectateurs lors de son exploitation en salle. Dans Le Monde, Jacques Mandelbaum, souvent bienveillant avec Mocky, y voit un film raté. La collaboration avec 13e Rue se poursuit avec la série intitulée « Myster Mocky présente ». Cette série, commencée en 1991 avec trois épisodes, est adaptée de nouvelles écrites par Alfred Hitchcock dont il a acheté les droits. Entre 2007 et 2009, il réalise 24 nouveaux épisodes de 26 minutes chacun. Enfin, il réalise un téléfilm intitulé Colère (2010) pour la chaîne de télévision française France 2. Le film, diffusé le 16 juillet 2010, rassemble 4 millions de téléspectateurs.
Après ce passage pour la télévision, Jean-Pierre Mocky revient au cinéma et enchaîne les tournages. Il réalise coup sur coup Les Insomniaques (2011), Le Dossier Toroto (2011) et Crédit pour tous (2011). Ces films ne sont pas distribués dans les circuits classiques mais il les diffuse dans son propre cinéma. En 2011, il revend sa salle de cinéma Le Brady et rachète l'Action Écoles dans le quartier latin à Paris qu'il rebaptise Le Desperado. C'est dans cette salle qu'il diffuse ses nouveaux comme ses anciens films aux côtés des classiques du cinéma français et américain habituellement diffusés dans cette salle.
En novembre 2012, le festival Entrevues de Belfort lui rend hommage avec une rétrospective incluant une quinzaine de films.
En 2015, il réalise trois courts-métrages avec Gérard Depardieu comme acteur principal : Agafia et Le Rustre et le Juge d'après des nouvelles d'Anton Tchekhov et Le Magicien et les Siamois. Dans le premier film, Pierre Richard accompagne Gérard Depardieu, dans le deuxième, c'est Philippe Duquesne et dans le dernier c'est Guillaume Delaunay.
Best films
(1954)
(Director)
(1957)
(Actor)
(1978)
(Story)
(1968)
(Director) Usually with