Kinuyo Tanaka is a Actor and Director Japonaise born on 28 november 1909 at Shimonoseki (Japon)
Kinuyo Tanaka
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Nationality JaponBirth 28 november 1909 at Shimonoseki (
Japon)
Death 21 march 1977 (at 67 years)
Kinuyo Tanaka (田中 絹代, Tanaka Kinuyo, 29 November 1909 – 21 March 1977) was a Japanese actress and director.
Tanaka was born in Shimonoseki, Yamaguchi Prefecture, Japan. She became a leading actress at an early age, appearing in Yasujirō Ozu's I Graduated, But... in 1929. The following year she played the lead in Aiyoku no ki, and in 1931 she appeared in Japan's first talkie, The Neighbor's Wife and Mine, directed by Heinosuke Gosho.
She had a close working relationship with director Kenji Mizoguchi, having parts in 15 of his films, including leading roles in The Life of Oharu (1952), Ugetsu (1953) and Sansho the Bailiff (1954). Their working relationship ended when Mizoguchi countered a recommendation from the Directors Guild of Japan for the Nikkatsu studio to hire her as a director. Despite this, the production of her second film as director went ahead, but Tanaka never forgave Mizoguchi, and the reasons for his behaviour are unclear. She also played Noboru Yasumoto's mother in Akira Kurosawa's Red Beard (1965). For her performance in Kei Kumai's Sandakan N° 8 she won the Best Actress Award at the 25th Berlin International Film Festival in 1975. Her last screen appearance was in 1976 in Kei Kumai's Kita No Misaki.
Tanaka was the second Japanese woman who worked as a film director, after Sakane Tazuko (1904‐1975). Her first directing job was on the film Love Letter in 1953, and she made five further films in that role. Biography
L'enfance et les débuts au cinéma
Kinuyo Tanaka naît en 1909 à Shimonoseki au sud-ouest du Japon dans la préfecture de Yamaguchi, au sein d'une riche famille de négociants. Elle est la plus jeune d'une fratrie de huit enfants. Son père meurt de maladie en janvier 1912. Cinq ans plus tard, les affaires familiales ayant fait faillite, sa mère prend la décision de quitter Shimonoseki avec cinq de ses enfants pour s'installer à Osaka chez son frère, l'oncle de Kinuyo. C'est là qu'elle apprend le biwa alors qu'elle est encore à l'école primaire. À dix ans, elle est surprise en train de lire une partition pendant les cours. Son instituteur la punit en la forçant à rester debout sous la pluie, elle est la risée de ses camarades. Profondément vexée, elle refuse de retourner en classe et quitte l'école avant d'avoir obtenu son certificat de fin d'études primaires.
En 1920, elle rejoint la troupe de son professeur de biwa et se produit sur la scène du Rakutenchi (楽天地) un lieu de divertissement populaire dans le quartier de Sennichimae (千日前) à Osaka. C'est après avoir vu Sumiko Kurishima interpréter le rôle principal dans un film qu'elle décide de devenir actrice de cinéma. Elle entre sur recommandations à la Shōchiku en 1924 et fait ses débuts aux studios Shimokamo à Kyoto, elle a alors quatorze ans. Elle fait une première apparition dans un petit rôle sous la direction de Hōtei Nomura dans La Femme de l'ère Genroku (元禄女, Genroku onna, 1924) puis elle tourne la même année avec celui qui va devenir son mari, le grand cinéaste Hiroshi Shimizu, dans Le Pâturage du village (村の牧場, Mura no bokujo, 1924).
La période du muet
Dès lors, rien n'arrête la jeune comédienne qui, pendant une décennie, tourne dans plus de dix films par an, du milieu des années 1920 jusqu'au milieu des années 1930. Outre Hiroshi Shimizu, qu'elle épouse en 1927 — leur mariage ne durera qu'un peu plus d'un an — et avec lequel elle tourne dix-huit films, deux autres réalisateurs sauront diriger comme personne la nouvelle égérie de la Shōchiku, il s'agit de Kiyohiko Ushihara et de Yasujirō Ozu.
Le premier s'est rendu aux États-Unis en 1926 pour étudier les méthodes de réalisation d'Hollywood et a travaillé sous la direction de Charlie Chaplin. De retour au Japon, il installe Kinuyo Tanaka en partenaire de la star Denmei Suzuki dans des comédies sentimentales urbaines à succès telles que L'Âge de l'émotion (感激時代, Kangeki jidai, 1928) et Lui et la vie (彼と人生, Kare to jinsei, 1929) ou dans L'Armée avance (進軍, Shingun, 1930), une romance à gros budget sur fond de film de guerre, ayant nécessité plus d'un an de tournage, et destinée à célébrer le dixième anniversaire de l'entrée de la Shōchiku dans la production cinématographique.
Le second, Yasujirō Ozu, n'est pas encore le réalisateur internationalement estimé comme celui qui a le mieux dépeint le style de vie traditionnel du Japon. Il est, de ses débuts jusqu'au milieu des années 1930, plutôt reconnu comme un cinéaste à la sensibilité très américanisée, admirateur de réalisateurs américains tels qu'Ernst Lubitsch, King Vidor et William A. Wellman. Yasujirō Ozu fantasme Kinuyo Tanaka en réponse japonaise aux femmes fatales hollywoodiennes. Il tourne avec elle sept films muets, de J'ai été diplômé, mais... (大学は出たけれど, Daigaku wa deta keredo, 1929) à Une jeune fille pure (箱入娘, Hakoiri musume, 1935) en passant par le trépidant film de gangsters Femmes et Voyous (非常線の女, Hijosen no onna, 1933).
En 1929, Kinuyo Tanaka atteint le statut de kanbu (actrice principale dans des petites productions), elle est alors âgée de dix-neuf ans, puis celui de daikanbu, le plus haut rang qu'une actrice puisse atteindre dans l'industrie du cinéma, à l'âge de vingt-cinq ans. Elle est alors envisagée en jeune femme moderne et émancipée, figure régulière des gendaigeki des années 1920 et 1930.
La transition vers le parlant
La rencontre avec Heinosuke Gosho est décisive, leur collaboration a commencé sur le film Les Gens du quartier (街の人々, Machi no hitobito, 1926). Ils tournent ensemble dix-sept films entre 1926 et 1936 et il est le premier à lui offrir un rôle principal dans Un rêve honteux (恥しい夢, Hasukashii yume, 1927). Gosho est l'un des chefs de file du genre shomingeki, il fait de Kinuyo Tanaka la protagoniste de ses fameux films à la gloire des classes moyennes et surtout, il lui permet un passage triomphal au parlant.
En 1931, Heinosuke Gosho réalise Mon amie et mon épouse (マダムと女房, Madamu to nyōbō), le premier film entièrement parlant de l'histoire du cinéma japonais. Kinuyo Tanaka, qui a l'accent du Kansai où elle a été élevée, n'est pas pressentie au départ pour ce premier talkie japonais, mais sa voix douce et séduisante fait finalement l'affaire. Dans cette comédie légère, un dramaturge (Atsushi Watanabe) en quête de quiétude pour travailler à sa pièce est constamment dérangé par les bruits alentour. Excédé par des voisins qui écoutent de la musique jazz très fort, il se rend chez eux pour protester et fait la rencontre d'une jeune femme moderne et américanisée (Satoko Date). Séduit, le dramaturge se met à apprécier cette musique occidentale, ce que ne voit pas d'un très bon œil sa propre femme, interprétée par Kinuyo Tanaka. Finalement le dramaturge parvient à achever sa pièce et à apaiser son épouse. La revue Kinema Junpō désigne Mon amie et mon épouse meilleur film japonais de l'année 1931.
Kinuyo Tanaka tourne dans un autre film parlant réalisé par Heinosuke Gosho où la voix joue un rôle primordial, Les Rêves de la jeune fille mariée (花嫁の寝言, Hanayome no negoto, 1933). C'est une comédie mettant en scène une jeune mariée qui est épiée par les amis de son mari car elle parle dans son sommeil. Ce film, à forte connotation érotique si l'on tient compte de l'époque, obtient un grand succès. Mais pour poursuivre sa carrière, elle s'efforce de se débarrasser de son accent du Kansai.
Notons deux autres films d'importance de cette période charnière : La Danseuse d'Izu (恋の花咲く 伊豆の踊子, Koi no hana saku Izu no odoriko, 1933) d'après une œuvre de Yasunari Kawabata qui conte les amours contrariées entre une jeune saltimbanque et un étudiant en vacances, l'un des meilleurs films de Gosho d'après Tadao Satō et Okoto et Sasuke (春琴抄 お琴と佐助, Shunkinsho: Okoto to Sasuke, 1935) de Yasujirō Shimazu adapté d'une nouvelle de Jun'ichirō Tanizaki où Kinuyo Tanaka interprète une joueuse de koto aveugle, fille d'un riche négociant ayant une relation trouble avec un employé de son père.
Avec la généralisation du parlant, la Shōchiku quitte ses studios de Kamata à Tokyo en 1936 pour s'installer à Ōfuna dans la préfecture de Kanagawa, car il faut des studios plus grands et plus calmes pour les prises de son. Les principales stars féminines de la Shōchiku sont alors Kinoyo Tanaka, Hiroko Kawasaki, Michiko Oikawa, Michiko Kuwano, Kuniko Miyake, Mieko Takamine et Michiyo Kogure.
Kinuyo Tanaka quant à elle déménage à Kamakura dans une maison proche des nouveaux studios. Elle héberge la toute jeune actrice Hideko Takamine, alors âgée de douze ans, pendant la durée du tournage du film en deux parties dont elles partagent l'affiche : Le Nouveau Chemin : Akemi (新道・朱実の巻, Shindo: Akemi no maki, 1936) et Le Nouveau Chemin : Ryota (新道後篇, Shindō: Kohen Ryota no maki, 1936) de Heinosuke Gosho.
Les années de guerre : 1937-1945
Au cours des années 1930, l'actrice est si populaire que son prénom figure sur plusieurs titres de films : L'Histoire de Kinoyo (絹代物語, Kinuyo monogatari, 1930) de Heinosuke Gosho ainsi que Docteur Kinuyo (女医絹代先生, Joi Kinuyo sensei, 1937) et Le Premier Amour de Kinuyo (絹代の初恋, Kinuyo no hatsukoi, 1940) de Hiromasa Nomura.
En 1938, elle interprète, dans La Mère et l'enfant (母と子, Haha to ko) de Minoru Shibuya, la fille de la maîtresse d'un directeur d'entreprise qui refuse de se marier avec un employé plein d'avenir et de suivre la voie de sa mère. La même année, dans Katsura, l'arbre de l'amour (愛染かつら, Aizen katsura) de Hiromasa Nomura, elle joue le rôle d'une infirmière amoureuse d'un médecin avec lequel elle n'a que des rendez-vous manqués et qui devient chanteuse de music-hall. Au départ, c'est l'actrice Mieko Takamine qui devait interpréter le rôle principal mais Shirō Kido, le président des studios Ōfuna de la Shōchiku, use de son influence pour imposer Kinuyo Tanaka. Malgré des critiques réservées, Katsura, l'arbre de l'amour est un immense succès, selon Jean Tulard, c'est l'un des deux mélodrames qui a le plus marqué le Japon. C'est aussi, à l'époque de sa sortie, le film japonais qui a rapporté le plus d'argent, si bien que deux suites voient le jour : Zoku aizen katsura (続愛染かつら, 1939) puis Aizen katsura: Kanketsu-hen (愛染かつら 完結篇, 1939).
En 1937 a commencé la seconde guerre sino-japonaise et le 1er octobre 1939 est mise en application au Japon la loi sur le cinéma qui vise à placer toute la création cinématographique sous le contrôle du gouvernement. Kinuyo Tanaka n'échappe pas au cinéma de propagande et la voilà propulsée dans différents haha-mono (litt. « films de mamans »), destinés à consoler les mères qui voient leurs fils enrôlés dans l'armée impériale et partir au front. La scène cruciale dans L'Armée (陸軍, Rikugun, 1944) de Keisuke Kinoshita est celle qui clôt le film où le régiment de Fukuoka traverse la ville pour partir à la guerre. Dans la foule en liesse qui pousse des cris de joie, une mère angoissée, interprétée par Tanaka, marche aux côtés de son fils qui défile. Cette mère est si clairement bouleversée que cette séquence a failli être coupée par la censure.
L'année 1940 marque la date de la première collaboration entre Kinuyo Tanaka et Kenji Mizoguchi, arrivé à la Shōchiku l'année précédente, dans La Femme de Naniwa (浪花女, Naniwa onna). Ce film, considéré comme perdu, se situe dans le monde du jōruri (spectacle traditionnel de marionnettes japonais accompagné au shamisen). Le cinéaste et l'actrice vont tourner quinze films ensemble et c'est dans l'immédiat après-guerre que le duo va commencer à bâtir son « grand œuvre » qui leur vaudra une reconnaissance internationale.
L'après-guerre
Dès 1945, l'armée d'occupation américaine entreprend la démocratisation des médias et de l'industrie cinématographique du Japon. Un bureau spécial est créé, la Section d'information et d'éducation civiques (Civil Information and Education Section ou CI&E) qui compte au nombre de ses tâches l'examen des scénarios nouveaux et le compte rendu des produits achevés.
Dans ce contexte, Kinuyo Tanaka interprète le rôle d'une avocate qui défend une mère infanticide dans La Victoire des femmes (女性の勝利, Josei no shōri, 1946) de Kenji Mizoguchi, un plaidoyer féministe très marqué par l’immédiate après-guerre. La collaboration entre le cinéaste et l'actrice se poursuit avec Cinq femmes autour d'Utamaro (歌麿をめぐる五人の女, Utamaro o meguru gonin no onna, 1946), L'Amour de l'actrice Sumako (女優須磨子の恋, Joyū Sumako no koi, 1947) et Femmes de la nuit (夜の女たち, Yoru no onnatachi, 1948).
Le 21 octobre 1949, Kinuyo Tanaka part pour un voyage aux États-Unis en ambassadrice de bonne volonté. Elle y rencontre Bette Davis, Joan Crawford, Elizabeth Taylor, John Wayne ou encore Nancy et Ronald Reagan. Cette visite est très commentée au Japon et à sa grande surprise, son séjour américain est très mal perçu par la presse du Japon occupé, d'autant que l'actrice en revient habillée à l'occidentale et gratifie les journalistes d'un « hello » à sa descente d'avion le 19 janvier 1950. Elle se voit affubler du sobriquet de ameshon joyū et subit les foudres de l'opinion publique au point, confiera-t-elle, de penser au suicide.
Elle décide alors de quitter la Shōchiku, la société de production avec laquelle elle est sous contrat depuis ses débuts en 1924 et avec laquelle elle a tourné dans près de 200 films, pour travailler désormais en indépendante et ainsi avoir la possibilité de choisir les réalisateurs avec qui elle souhaite collaborer. Nous sommes à l'aube des années 1950, la période la plus prospère et la plus glorieuse du cinéma japonais, celle qui marque un nouvel âge d'or de son histoire.
L'âge d'or du cinéma japonais des années 1950
Désormais libre de choisir avec qui elle travaille, Kinuyo Tanaka entame, pour la Daiei et la Shintōhō, une impressionnante série de grands films où se conjuguent les talents d'un grand scénariste (Yoshikata Yoda), d'un chef opérateur de génie (Kazuo Miyagawa), d'un immense cinéaste (Kenji Mizoguchi) et de son actrice, avec Miss Oyu (お遊さま, Oyū-sama, 1951), La Vie d'O'Haru femme galante (西鶴一代女, Saikaku ichidai onna, 1952), Les Contes de la lune vague après la pluie (雨月物語, Ugetsu monogatari, 1953) et L'Intendant Sansho (山椒大夫, Sanshō dayū, 1954). Ces trois derniers films sont récompensés trois années de suite à la Mostra de Venise, apportant ainsi une reconnaissance internationale à Kenji Mizoguchi et à Kinuyo Tanaka. Son interprétation dans La Vie d'O'Haru femme galante en particulier résonne comme un condensé en un seul film des rôles emblématiques de la comédienne : tour à tour noble dame de cour, amante, mère, geisha, épouse d'un homme de la classe moyenne, prostituée et enfin pèlerin. Les rumeurs courant sur une relation amoureuse entre Kinuyo Tanaka et Kenji Mizoguchi viennent encore renforcer le mythe du « cinéaste et de sa muse », bien que la comédienne ait toujours nié l'existence d'une telle liaison romantique.
L'actrice travaille avec les plus grands réalisateurs de cette période : elle retrouve Yasujirō Ozu dans Les Sœurs Munakata (宗方姉妹, Munakata kyōdai, 1950) et Fleurs d'équinoxe (彼岸花, Higanbana, 1958), le premier film en couleurs du réalisateur, ainsi que Heinosuke Gosho dans Là d'où l'on voit les cheminées (煙突の見える場所, Entotsu no mieru basho, 1953). Elle collabore avec Mikio Naruse dans Le Fard de Ginza (銀座化粧, Ginza keshō, 1951), La Mère (おかあさん, Okaasan, 1952), l'un des meilleurs films du réalisateur selon Tadao Satō, et Au gré du courant (流れる, Nagareru, 1956), puis avec Kaneto Shindō dans La tristesse est aux femmes (悲しみは女だけに, Kanashimi wa onna dakeni, 1958).
En 1958, Keisuke Kinoshita lui offre l'un de ses plus beaux rôles dans La Ballade de Narayama (楢山節考, Narayama bushiko), une adaptation dans le style du kabuki et accompagnée de musique de jōruri, du roman de Shichirō Fukazawa, lui-même basé sur une vielle légende populaire. Elle y interprète le rôle d'une vieille femme pauvre qui accepte joyeusement de se plier à la coutume qui veut que les vieillards du village ayant atteint l'âge de soixante-dix ans soient abandonnés dans la montagne pour y mourir. Alors âgée de quarante-huit ans, elle se fait retirer quatre implants dentaires pour incarner ce personnage de vingt ans son aîné, témoignage s'il en est de la passion avec laquelle l'actrice exerce son art. Le journal Kinema Junpō lui décerne le prix de la meilleure actrice de l'année 1958 pour cette interprétation.
Durant les années 1950, la filmographie de Kinuyo Tanaka est vertigineuse tant elle compte d’œuvres majeures du cinéma japonais classique.
Le passage à la réalisation
Au début des années 1950, Kinuyo Tanaka envisage de passer de l'autre côté de la caméra. En 1952, elle demande à Mikio Naruse de l'engager comme assistante sur le film Frère aîné, sœur cadette (あにいもうと, Ani imōto), afin de se perfectionner dans son nouveau métier.
En 1953, de retour d'un voyage à Paris, Kenji Mizoguchi refuse à Kinuyo Tanaka de signer une lettre de recommandation d'usage pour qu'elle fasse ses débuts de cinéaste malgré une collaboration riche de quinze films, marquant ainsi la brouille entre Kinuyo et le réalisateur. Mais à l'exception de Kenji Mizoguchi, la plupart des grands réalisateurs apportent leur plein concours à cette nouvelle orientation de carrière.
Lorsqu'elle réalise finalement son premier film, Lettre d'amour (恋文, Koibumi, 1953), Kinuyo Tanaka devient la seconde femme à passer à la réalisation de l'histoire des studios japonais, après Tazuko Sakane qui a réalisé un film en 1936 et une dizaine de documentaires en Mandchourie durant la Seconde Guerre mondiale. Dans une interview donnée à la revue Kinema Junpō, elle déclare « Maintenant qu'il y a également des femmes élues à la Diète du Japon, j'ai pensé que ce serait une bonne chose qu'il y ait aussi au moins une femme réalisatrice ».
Kinuyo Tanaka est sans aucun doute la première réalisatrice à avoir une carrière commerciale, elle est aussi la seule femme cinéaste active durant l'âge d'or du cinéma japonais des années 1950. Son statut de star donne de la visibilité à ses films et lui permet de travailler, pour cinq d'entre eux, avec les grands studios japonais que sont la Shintōhō, la Nikkatsu, la Daiei et la Tōhō. Seul son dernier film est produit par une société de production indépendante : le Ninjin Club, fondée par les actrices Keiko Kishi, Yoshiko Kuga et Ineko Arima, qui vise à garantir la liberté de travail des acteurs face aux contraintes des grands studios.
Pour les six longs métrages qu'elle réalise entre 1953 et 1962, Kinuyo Tanaka s'entoure des plus grands : Keisuke Kinoshita, Yasujirō Ozu ou Natto Wada au scénario, Yoshiko Kuga ou Machiko Kyō dans la distribution. Son cinéma est résolument un cinéma « au féminin », faisant la part belle aux actrices et aux grands sujets. Lettre d'amour (恋文, Koibumi, 1953) aborde le thème des conséquences de la guerre sur les relations sentimentales. La lune s'est levée (月は昇りぬ, Tsuki wa noborinu, 1955) est un drame familial centré sur trois sœurs. Maternité éternelle (乳房よ永遠なれ, Chibusa yo eien nare, 1955) s'inspire de la vie de Fumiko Nakajō, poétesse waka morte à 31 ans d'un cancer du sein. La Nuit des femmes (女ばかりの夜, Onna bakari no yoru, 1961) parle des centres de réinsertion pour anciennes prostituées et de la difficulté pour elles de se réintégrer dans la société. Enfin La Princesse errante (流転の王妃, Ruten no ōhi, 1960) et Mademoiselle Ogin (お吟さま, Ogin-sama, 1962) dressent le portrait de femmes écrasées par les machinations de l'histoire.
La fin de carrière
À partir des années 1960, la carrière de Kinuyo Tanaka est déclinante. Elle se tourne principalement vers la télévision et ne fait plus que quelques apparitions dans des seconds rôles chez Mikio Naruse dans Chronique de mon vagabondage (放浪記, Hōrōki, 1962), chez Kon Ichikawa dans Seul sur l'océan Pacifique (太平洋ひとりぼっち, Taiheiyō hitori-botchi, 1963) ou chez Akira Kurosawa dans Barberousse (赤ひげ, Akahige, 1965).
C'est en 1974 qu'elle fait un retour fracassant sur les écrans dans Sandakan N° 8 (サンダカン八番娼館 望郷, Sandakan hachibanshōkan bōkyō) de Kei Kumai qui lui vaut un Ours d'argent de la meilleure actrice à la Berlinale 1975 ainsi que deux prix de la meilleure actrice décernés par les revues Kinema Junpō et Mainichi Shinbun. Kinuyo Tanaka interprète le rôle d'une karayuki-san (唐行きさん, littéralement « celles qui sont parties au-delà des mers ») à présent âgée qui est interviewée par une journaliste. Sa triste histoire en tant que prostituée dans un bordel de Bornéo est racontée en flash-back. Le film est une forte condamnation de la politique japonaise de fournir des « femmes de réconfort » aux troupes impériales durant la Seconde Guerre mondiale.
La même année, elle joue dans Trois vieilles dames (三婆, Sanbaba) de Noboru Nakamura, une tragi-comédie autour d’une affaire d’héritage sur la peur de vieillir et le temps qui passe. Le film réunit trois actrices de renom de l’âge d’or des années 1950, Kinuyo Tanaka, Michiyo Kogure et Aiko Mimasu, assumant pleinement leur rôle.
En 1975 elle fait partie des personnes interviewées dans le documentaire Kenji Mizoguchi ou la vie d'un artiste (ある映画監督の生涯 溝口健二の記録, Aru eiga-kantoku no shōgai Mizoguchi Kenji no kiroku) que Kaneto Shindō consacre au réalisateur.
Elle apparaît une dernière fois au cinéma dans La Berceuse de la grande terre (大地の子守唄, Daichi no komoriuta, 1976) de Yasuzō Masumura. En janvier 1977 Kinuyo Tanaka est conduite à l'hôpital, elle meurt le 21 mars 1977 des suites d'une tumeur du cerveau à l'âge de 67 ans. Ses funérailles officielles, en tant que membre de l'industrie cinématographique se déroulent au temple Tsukiji Hongan-ji de Tokyo et rassemblent 5000 personnes. Conformément à ses dernières volontés, ses restes sont portés dans la tombe familiale de Shimonoseki.
Considérée comme l'une des plus grandes actrices japonaises, elle est apparue dans plus de 250 films entre 1924, année de ses débuts, et 1976. Seconde femme cinéaste au Japon, elle a réalisé six films, sortis entre 1953 et 1962. Sa carrière, dont la portée non seulement cinématographique mais aussi culturelle, est encore peu reconnue en Occident et n'a peut-être pas encore été pleinement explorée au Japon.
Sélection de scènes de films avec Kinuyo Tanaka dans les années 1920-1930
J'ai été diplômé, mais... (1929).
L'histoire de Kinuyo (1930).
Mon amie et mon épouse (1931).
La Danseuse d'Izu (1933).
Okoto et Sasuke (1935).
Le Nouveau Chemin (1936).
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